|
|
|
|
30/10/2001 |
|
Pourquoi j'ai deserté? |
|
|
- Parce que trop c'est trop ! Au depart je voulais le faire sans histoire ce
« service militaire » mais plus le temps passait et plus je me demandais
à quoi ça sert de le faire vu que j'y perds mon temps et de l'argent ! je voyais
aucun point positif dans cette experience !
- Le fait de m'avoir mis dans un des service les moins agréable de la caserne
(plongeur à la cantine) m'a demoralisé. Les sergents de notre service nous considèrent comme des
chiens. Ils s'en foutent carrément de notre gueule ! Pour eux, une seule chose
comptent : qu'ils montent au grade superieur !
- J'ai eu des problemes relationnels avec 3 autres plongeur. ils savaient que je venais en
voiture à la caserne alors ils m'ont obligé à faire ce qu'il voulaient :
je devais les emmener en voiture où ils voulaient et quand ils voulaient sinon ils s'en
prenait à moi ou a la voiture. Quand il etaient à l'interieur, ils faisaient ce
qu'ils voulaient: fumer du schit (ils m'ont aussi forcer à fumer), boire de l'alcool... le
dernier jour l'un d'entre eux a voulu me frapper et il à casser le retroviseur interieur:
à ce moment-là, j'en avais vraiment marre ! Deux jours après je suis aller a
la gendarmerie la plus proche de chez moi et je voulais porter plainte contre eux. Ils m'ont dit
d'aller voir la gendarmerie de versailles pour aller déposer ma plainte. Le gendarme n'a pas
voulu prendre en considerations ma plainte. il est allé les voir à la caserne et il
leur juste dis de ne plus recommencer. Les jours suivant, l'un d'entre eux m'a appellé et
m'a dit que si il entendais parlait encore une fois parler des gendarmes a cause de moi, je ne
serai plus de ce monde.
Donc l'armée française n'étant pas capable d'assurer ma protection,j'ai
décider de ne plus retourner à la caserne puisque ma securité etais en
danger.
- - -
J'ai appelé la caserne le 29 octobre 2001 à 13h30 et un sergent m'a repondu. je
lui ai dit que je voulais régulariser ma situation militaire. Elle m'a répondu que je
devait me presenter a la caserne pour le faire. Mais que si j'y retourne, je serais
« puni » de 20 jours d'arrêt a cause de ma désertion. Je lui ai
demandé d'arreter les poursuites puisque c'est la fin du service national et que ça
ne sert a rien que j'y retourne puisque j'ai rien à y faire là-bas : c'est une perte
de temps. Elle m'a ensuite affirmer que c'est pas de leur faute, le reglement est comme il est, et
il faut le respecter tel quel.
Apparemment il ne veulent rien comprendre, ils veulent appliquer le reglement sans se servir de
leur cerveau (s'ils en ont un !)
Laurent (contingent de février 2001, déserté en juillet 2001) |
|
|
http://armel.latelier-virtuel.com/sansnous/011108.htm |
|
|
|
|
17/06/2001 |
|
Un appelé à ne pas prendre à la légère... |
|
|
Bonjour,
Je viens de terminer mes études au niveau d'une maitrise de
math-informatique, étant né en 1975 (eh oui, j'ai eu quelques raté),
j'ai atteint le report maximum qui m'est autorisé: la fatidique année civile des 26 ans...
J'ai bien évidemment et naïvement tenté un report pour une soit-disant inscription en DESS: la réponse a été claire, je cite: "Suite à votre demande du xx/xx/2001, j'ai l'honneur (NDLR: ils auraient pu trouver une autre formule plus adéquate, on ne peut rien contre ce genre de stupidité...) de vous faire
connaitre que la règlementation en vigueur fixe l'échéance du report
supplémentaire d'incorporation L.5 Bis au 01/12 des 26 ans.
En conséquence vous êtes maintenu à l'appel du 1er octobre 2001.
Toutefois, votre situation pourra être réexaminée lorsque vous serez en
mesure de me faire parvenir un certificat de scolarité pour l'année 2001/2002.
Veuillez agréer...."
Or, de toutes façon, les certificats de scolarité ne sont souvent fournis qu'au moment de la rentrée, soit autour du 1er octobre!!
Habituellement nous obtenons directement un report jusqu'en décembre, mais la je deviens un cas "hors-norme".
J'ai bien évidemment, avant, tenté une revue de mon dossier médical: réponse
que je n'ai pas sous les yeux: "envoyez-nous les pièces nouvelles, nous jugerons.", or moi, j'aurais voulu rencontrer ces chefaillons sans scrupules prêts à pourrir la vie de jeunes comme moi, jusques là heureux de vivre et d'être francais. Si j'avais la double nationalité avec un autre pays, et même si j'adore mon pays, je n'hésiterais pas même une seconde; c'est juste pour vous
situer mon état d'esprit.
Je suis prêt à faire n'importe quoi pour ne pas effectuer ce service. J'ai une petite amie, des amis, etc..., que je ne veux pas quitter et encore moins pour
des broutilles (jouer au petit soldat et démonter 25 fois un Famas en une heure,
très peu pour moi: ce sont des cas réels racontés par des amis ayant effectué le service et qui me conseillent de l'éviter).
Je suis prêt au pire pour ne pas y aller...
En conséquence de quoi, je retente mon dossier scolaire, et de plus, étant dans
le milieux informatique, en essor, je vais prendre dès ma fin de stage le premier boulot venu en CDI, au détriment d'un choix pensé et réfléchi...
Mais pourquoi s'entêtent-ils à nous pourrir la vie. J'espère pour eux et pour
moi que ca va marcher car sinon ça risque de très mal se passer: je suis plus que determiné, je suis résolu...
Je crois qu'au détriment d'une grande lecture, vous aurez compris mon état
d'esprit contre cette injustice sociale, sexiste, et discriminatoire (les deux derniers étant conjugués d'ailleurs).
Sur ce , merci d'exister...
Un appelé |
|
|
|
|
29/03/2001 |
|
Une insoumission qui se termine en L32 |
|
|
Salut tout le monde,
Je viens de recevoir aujourd'hui la notification de la décision de la commission régionale de dispense je suis dispensé ! (putain c'est bon d'écrire cela) selon l'article L32 du code du Service National 1er Alinéa.
Petit historique :
- Décembre 96, insoumission ;
- Mars 97, première visite des gendarmes à la maison ;
- Juillet / Août 97, BIS REPETITA ;
- Plusieurs convocations à la gendarmerie.... je fais le mort ;
- Avril 2000, courrier de l'huissier de justice : convocation au tribunal correctionnel. J'entre en contact Thierry et différents membres d'associations antimilitariste ;
- Juin 2000, le couperet tombe : 4 mois avec sursis ;
- Juillet 2000, rdv avec Me de Félice : Il me conseille de ne pas couper le contact avec les autorités militaires, j'écris donc au ministère de la défense, bsn, député, maire .....la totale...... ;
- Septembre 2000, fin de non recevoir des autorités militaires ;
- Septembre 2000, j'expose mon cas par courrier au délégué départemental du médiateur de la république ;
- Novembre 2000, je reçois un appel du bsn de Versailles, on accepte d'examiner mon cas, mais je dois faire acte de soumission auprès de la gendarmerie et faxé le doc, on m'assure que je ne serais pas embarquer : j'accepte ;
- Décembre 2000, le bsn me demande pas mal de docs ( contrat de travail, ect etc......)
- Janvier 2001 : j'appelle le bsn, on m'indique que mon dossier est à la préfecture sera étudié dans les 3 mois par la commission ;
- Aujourd'hui, je reçois ce putain de courrier que j'attends depuis prés de 4 ans ! Je suis dispensé ! Mais petit bémol j'ai quatre mois de sursis qui pendouille au dessus de ma tête, de quoi calmer mes ardeurs si je voulais insulter un flic a mon prochain contrôle d'identité, près de 4 ans a esquiver les flics je vous assure cela crée pas mal de frustrations !
J'aurais juste un petit conseil aux insoumis, tenter la piste du médiateur de la république et garder un contact épistolaire avec les autorités militaires.
Youcef |
|
|
|
|
12/03/2001 |
|
Libération très anticipée |
|
|
Lors de mon service national, mes missions ont été
constructives si l'on considère ma formation.
Mais rassurez-vous, j'ai eu droit à un florilège de ce que les militaires
ont de meilleur, comme la compassion, le sens de l'équité, la reconnaissance
d'un travail bien fait et la modestie.
Combien de fois j'ai entendu au sujet des appelés « avant on en avait 10 par
service, aujourd'hui il faut pleurer pour en avoir un, on doit faire appel à
des entreprises privées tu imagines » pour conclure sur « c'était la belle
époque » et toi tu fais ce qu'ils ne veulent pas faire, subit les brimades
diverses que ton non-grade t'assure et le tout pour 549fr.
Ayant accomplis un service irréprochable pendant les premiers mois, j'ai mis de ce fait quelques arguments de mon côté, d'autre part laisser trainer les oreilles,
ça aide. Parfois on apprend « des trucs », des agissements que seuls ceux
qui travaillent pour un état peuvent se permettre vu qu'ils sont l'état.
Las de ce monde de fonctionnaires au placard, je me suis mis à la recherche
d'un job. Banco, je décroche un contrat !
Une petite semaine de recherche c'est peu, je pensais galérer plus.
Ils m'ont reproché le fait d'avoir trop vite trouvé un travail. Rendez-vous compte : il commence un peu avant les 8 mois !
Un véritable malheur pour des gens qui comptent sur toi pour faire leur
boulot et en profiter pour se casser en vacances ou partir plutôt...
Je suis donc allé voir l'assistante sociale, je m'en suis retourné vite, il
fallait un rendez-vous pour la voir. Au pays des fonctionnaires, les
assistantes sociales sont les reines de la bêtise. Après obtention d'une
audience chez la dame des gens à problème, je me suis fait trimballer de
bureau en bureau, les fonctionnaires me distillent des informations aussi
stupides les unes que les autres. CDD de plus de 6 mois, puis de 2 mois, on
ne peut pas vous donner de dossier etc...
2) Ne compter que sur soi
- Accumuler les preuves : Décrets du ministre de gauche de la Défense. Avoir
des attestations en tout genre, pensions alimentaires, carte de chômage des
parents, ses relevés bancaires TOUT ce que vous pouvez ;
- Préparez donc votre dossier, sans attendre de l'aide de leur part, et
poussez pour que votre dossier passe ;
- Demandez un dossier de libération en disant que vous venez de la part du
Col X : MENTEZ car eux ils ne se gênent pas pour grappiller les journées où
vous, vous allez travailler à leur place ;
- Aller voir un médecin militaire, jouer carte sur table : loi injuste,
problèmes familiaux, mère alcoolique, enfance martyre etc. On y va, on en
rajoute.
NB : Ne pas les surestimer, ils bluffent la plupart du temps en fait. Ils
n'ont aucun pouvoir de vérification de l'info sauf dans le cas du secret
défense. Mais vous le trou du cul, ils s'en foutent.
3) Mes conseils
- Soyez irréprochable : tenue militaire correcte / soyez respectueux /
travail correct (c'est le plus simple) / aimable / serviable ;
- Comme eux soyez « faux cul » ;
- Accumuler les preuves de votre honnêteté ;
- Accumulés des preuves contre eux (c'est le plus simple) ;
- Ne pas oublier que ces gens sont fonctionnaires moins ils en font mieux
ils se portent ;
- Infiltrer la 5e colonne. Nombreux sont les militaires contre le maintien
du Service National, êtes-vous donc des « potes », ils vous aideront.
Sachez que les « milit. » se connaissent tous, ils ont souvent été à l'école
ensemble, c'est un réseau très solidaire.
NB : Le militaire par nature, sous-estime toujours un appelé, donc il ne se
méfiera pas, pour lui vous n'existez même pas. Quand ils baissent la garde
agissez.
4) Une conjoncture favorable
- À l'heure où l'armée à du mal à recruter, ou même les militaires désertent
pour rejoindre le secteur privé, ils évitent toute mauvaise publicité ;
- Alors profitez des élections.
NB : Moyens : communiqués de presse Canal + / libération / le monde / lettre
à votre maire ou futur maire etc... Voyez grand : le président.
Evitez les médias partisans comme TF1 / France 2 où le ministère de la
défense a ses entrées. Préférez donc la presse écrite qui a plus d'impact.
5) Pour conclure
J'ai été libéré grâce à des appuis en interne des « partisans » ils
existent, ils ont une famille à faire vivre, des dètes, bref : des gens
normaux pour qui dans la majorité des cas l'armée leur a permis de
« manger » alors ils subissent, ils sont nombreux. Merci à eux.
J'aurais appris que la bêtise humaine n'a aucune limite certains abusent
avec violence d'un pouvoir abusif et désuet. L'esclavage existe toujours en
France et ce dans un pays de gauche qui prône l'égalité et justice. un
esclavage à 549fr par mois où le seuil de pauvreté est à 2500fr...
Je suis parti, tant mieux sachez que « Sans Nous » à été très réactif et
prêt à se battre. MERCI et bon courage à tous.
LE 11 MARS 2001 VOTEZ BLANC
Julien...
|
|
|
|
|
28/11/2000 |
|
Témoignage |
|
|
Bonjour à tous,
Né en 1976 je suis actuellement sursitaire et appelé sous
les drapeaux pour le 1er février 2001.
Profondément antimilitariste et de surcroît contre toute
forme de négation des libertés fondamentales, je déplore la
pérennité d'un service national aujourd'hui obsolète (voir depuis
toujours en ce qui me concerne).
Comptant sur les sursis et donc repoussant toujours le
problème un peu plus loin, ce qui devait arriver arriva et
je me retrouve aujourd'hui comme beaucoup devant le fait
accompli: l'appel effectif et donc peu de temps pour
trouver une solution, mon erreur ayant été de ne pas véritablement bouger pour trouver cette solution plus tôt.
Il n'est cependant jamais trop tard ainsi je me renseigne
un peu plus sérieusement sur le sujet puis apprends l'existence d'un collectif qui se bat pour la fin définitive du service national.
Je me rends donc sur leur site Internet et y consulte les
différentes rubriques.
Premier constat: un sérieux captivant et une maîtrise
évidente du sujet.
Puis ligne après ligne mes convictions se voient confortées, partagées, et surtout les options préalablement cogitées telles que l'insoumission y sont clairement
détaillées, et ce par le biais d'exemples concrets.
Ma motivation prend alors une toute autre ampleur et je
décide de me rendre à Jussieu le mercredi suivant pour la
réunion hebdomadaire du collectif.
Mercredi 22 novembre, 20h, Jussieu: je prends contact avec
les membres du collectif, surpris de leur faible effectif.
S'ensuivent de nombreux conseils pratiques concernant mon cas puis vient la réunion du collectif, riche d'intérêt pour un insoumis potentiel et plus généralement pour quiconque ne souhaitant pas perdre 8 mois d'un temps déjà
si précieux.
Ce collectif au potentiel de dizaine de milliers de membres
qui n'en compte aujourd'hui malheureusement que quelques
dizaines lutte depuis des mois et ce dans l'indifférence totale des principaux concernés.
Tout ceci laisse un goût amer.
BOUGEZ-VOUS donc avant qu'il ne soit trop tard!!
À bientôt lors d'une prochaine réunion du collectif SansNous de votre région! (toutes les infos sont sur le site).
Erwann.
|
|
|
|
|
22/11/2000 |
|
La commission insoumis/déserteurs joue la transparence |
|
|
Voila les données que j'ai pu extraire des archives de mails.
Ces stats valent ce qu'elles valent (représentativité des cas? validité d'un % établi sur 101 points?)
Ce qui me manque le plus c'est des stats sur les conclusions des
différentes histoires, faute de retour dans la plupart des cas, mais aussi faute de conclusion pour d'autres (ca traine en longueur!).
Les mails que j'ai épluché vont du 17 juillet au 17 novembre 2000, soit 4 mois tout rond.
Pendant cette période, j'ai vu passer 101 cas (je n'ai pas compté un certain nombre de mails de soutien ou on ne nous demandait rien):
- 42 insoumis - sachant que je considère comme insoumis toute
personne qui ne s'est pas rendue à la caserne le jour dit et qui nous en fait part,
- 28 candidats à l'insoumission,
- 20 BSN-bis - ie toute personne qui demande de l'info sur les
reports possibles et autres sans même prononcer le mot "insoumission" ou "désertion". Parmi ces 20, on trouve deux appelés et 1 futur objecteur,
- 6 déserteurs,
- 3 candidats à la désertion,
- 2 objecteurs pour lesquels ça se passe mal,
Parmi les insoumis, on compte 8 insoumis administratifs = 20% des cas.
On a une proportion non négligeable d'expatriés:
- 16 pour les insoumis = 38%,
- 6 pour les candidats à l'insoumission = 21%,
- 2 pour les déserteurs = 33%,
Parmi ces expatriés, le problème majeur, outre le fait qu'ils ne peuvent pas rendre visite à leur famille, est qu'il leur arrive de se retrouver sans papiers, et notamment sans passeport: 6 cas identifiés.
Voilà, j'ai essayé de faire court mais je suis prête à répondre à toutes vos questions d'ordre général.
Lucie - Commission insoumis/déserteurs |
|
|
|
|
20/10/2000 |
|
Incorporation à Suresnes début octobre |
|
|
Le nombre de personnes qui devait être incorporés à cette caserne
devaient être 200: 150 se sont présentés.
Les 50 absents ont apparemment été exemptés.
De plus, ils ont demandé combien parmi les présents avaient un CDI et ils ont été priés de rentrer chez eux (une dizaine)...
Les autres, ils sont partis pour 10 mois avec le sentiment de s'être fait avoir en se présentant.
Donc, si vous ne voulez pas faire l'armée, n'y allez pas, tout
simplement!!!! |
|
|
|
|
27/08/2000 |
|
30% de réformés... |
|
|
Un appelé incorporé en février explique que sur les 800 personnes se présentant, plus de 150 se font réformer immédiatement, sur des critères bidons. Plus de 10% des gens ne se présentent pas - ces insoumis seront réformés pour plus de 80% d'entre eux (voir la faq). En comptant les déserteurs, les "congés maladie" (PATC) et les libérations anticipées des pistonnés (et quelques autres quand même!), etc. , on est en droit de conclure que au moins 30% des appelés ne font pas un service complet!
Quand aux autres, ils continuent à jouer à la Dreamcast et picoler... |
|
|
|
|
01/07/2000 |
|
Témoignage d'un insoumis/déserteur |
|
|
Salut,
Suite mon coup de téléphone de mardi dernier, je t' envoie mon témoignage avec l' espoir que cela aidera votre collectif "sans nous" dans votre juste lutte contre l' obligation du service national.
Témoignage d' un insoumis-déserteur:
Le respect des autres et la déclaration universelle des Droits de l' Homme ont toujours été à la base de ma philosophie. Par conséquent forcer des êtres humains à être incorporés dans une armée m' a toujours paru une violation des droits fondamentaux de chaque homme. Il semble que tout le monde soit d' accord pour dire que forcer des enfants à faire la guerre est abominable, mais dès que vous atteignez l' âge de 18 ans, c' est OK...
C' est pourquoi, quand j' ai reçu l' appel de me présenter aux 3 jours, j' ai refusé et je n' y suis pas allé. Sous la menace d' un gendarme, je suis allé au 2ème appel et j' ai exprimé clairement mon opinion: mon refus de faire mon service.
Ignorant l' appel sous les drapeaux, j' ai été déclaré insoumis et arrêté quelques 8 mois après. Sans pouvoir accéder à l'aide d'un avocat, j'ai été incorporé contre ma volonté et un mois plus tard envoyé dans un camp semi-disciplinaire où la première chose qu' on vous dit est : "oubliez les Droits de l' Homme ici, on n'est pas chez papa et maman."
Le régime disciplinaire était pire que tout ce que vous pouvez imaginer:
Tout refus d' obéissance était menacé de 15 ou 20 jours de prison ( s' ajoutant aux 10 mois obligatoires ). Il fallait baisser les yeux lorsqu'on vous parlait, on vous interdisait de mettre vos mains dans vos poches, de vous reposer le dos contre le mur. On n' arrêtait pas de me "crier dessus" et on m' obligeait à exécuter les ordres à la course. Si vous étiez trop lent, les militaires prenaient un malin plaisir à punir le groupe dans lequel vous étiez, sauf vous, puis d' indiquer au groupe que vous étiez le responsable et que s' ils voulaient se venger, eux fermeraient les yeux... En bref ils essayaient de vous casser comme on casse un cheval pour qu' il obéisse au doigt et à l' oeil.
Le début de la journée commençait à 6h du matin ( veuille ou veuille pas ). Si vous refusiez de sortir du lit...ils le renversaient pour vous en faire sortir tout en vous menaçant de 20 jours de prison. La première tâche était de laver, brosser les toilettes, les couloirs et les chambrées et ceci était répété midi et soir.
Malade? Vous avez juste le temps avant 7H du matin de demander l' autorisation de voir un médecin. Après... c' est trop tard. Il faudra attendre le lendemain ( week-end exclus ). Par exemple un gars qui avait mal aux dents dut attendre le lundi pour voir un dentiste, souffrant ainsi tout le week-end. Un autre qui faisait une crise d' appendicite fut obligé de supporter son mal jusqu' au lendemain matin.
Un dimanche matin, il pleuvait à torrents. Ils nous firent sortir et, en petite chemise, nous forcèrent à arracher l' herbe de la pelouse avec nos mains pour seul outil. Cela dura 2H jusqu' au moment où un gradé accompagné de sa femme passa en voiture. Le femme prit pitié de nous et demanda à son mari que cela cesse.
Les insoumis sont pris à partie plus que les autres: les cheveux sont coupés plus ras et toute occasion est bonne pour l' humilier davantage. Par exemple: on m' avait envoyé toute une journée nettoyer la cantine. Et ne croyez pas que vous pouvez vous reposer! La vue même de quelqu' un qui ne fait rien est promptement suivie d' une nouvelle tâche à faire. L' humiliation n' était pas suffisante. Quand le 14 juillet arriva, il a fallu défiler dans les rues la tête haute et fière, devant un public agitant innocemment leurs petits drapeaux. Et puis quoi encore? Ce jour-là je ne me suis pas présenté à l' appel et fus puni le jour suivant et envoyé pour ouvrir et fermer le portail de la villa d' un général et de sa femme pendant 15 jours. 15 jours dans une petite boite en plein soleil au service de monsieur et de madame. Je n' étais plus un être humain mais un servant ici pour exécuter toutes les tâches que ces messieurs les militaires français ne voulaient pas faire. Bref un esclave. Qui veut et qui peut supporter un tel régime? Je ne suis pas un esclave et je n' ai pas à me soumettre à d' autres êtres humains parce qu' ils ont décidé que c' était ainsi. Au 5ème mois j' ai fui cet enfer pour l' étranger. Eux, ils appellent ça une désertion.
Le jour même de mon arrivée à l' étranger le contraste était poignant: on me respectait, on ne me criait plus dessus, on ne me considérait plus comme une chose mais comme un être humain. Bref, j' avais retrouvé ma dignité humaine.
Si la France vous dit que je suis un criminel parce que je suis un insoumis-déserteur... moi je vous dis que je suis la victime d' un pays qui m' a pris pour son esclave. Je ne suis ni fier ni honteux d' être parti car il n' y a aucune honte à être une victime. C' est la France qui devrait avoir honte et qui devrait reconnaitre ses crimes. L' obligation de service national agit pour le bien de la nation mais en sacrifiant le respect de l' individu.
France, ta devise est: " Liberté, égalité, fraternité." Je n' ai vu ni liberté, ni égalité, ni fraternité. Aujourd' hui, je te prends au mot: Montre moi que tu peux enfin être digne de cette devise.
François. |
|
|
|